s’accroisse et se fortifie sur son propre sol, s’il veut faire une concurrence au moins égale, sinon victorieuse, aux races scandinave, teutonne et anglo-saxonne qui débordent à flots pressés sur le continent américain. Il le faut, parce que ces races nous sont pour le moins antipathiques, sinon hostiles à des degrés divers, et parce que rien ne leur conviendrait si bien que notre disparition. Il faut coloniser, nous répandre comme une marée montante dans l’est de l’Amérique britannique, afin de contre-balancer l’Ouest colossal où se déverse déjà l’élément anglais de nos cantons ruraux et une grande partie de celui d’Ontario même. Il le faut, autant dans l’intérêt de la religion que dans celui de la nationalité, deux choses qui n’en font qu’une pour le Canadien-Français, comme l’image dédoublée d’un même objet, comme la moitié par égard au tout, comme deux éléments essentiels l’un à l’autre. Toute considération doit s’incliner devant la question de race ; tout intérêt majeur, oserons-nous dire, toute industrie, si vaste et si précieuse qu’elle soit, doit lui céder le pas.
On ne saurait croire les efforts constants et acharnés qui se font pour noyer les Canadiens-Français, partout où ils essaient de pénétrer en dehors de la province de Québec. Les appels réitérés aux émigrants scandinaves et teutons, la transplantation active de ces étrangers sur le sol du Dominion