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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

Hélas ! quels retours amers on fait vers le passé, quand on songe que cette œuvre de la colonisation a été si longtemps non seulement incomprise, mais encore faussée, détournée de ses voies naturelles par la passivité ou l’indolence injustifiable de gouvernements formés de nos propres nationaux ! On reste consterné et l’on n’a le courage de condamner personne, parce que l’énormité du mal commis chasse de l’esprit toute autre pensée que celle des milliers, des centaines de milliers de nos compatriotes que l’émigration a dévorés, par générations entières ; parce que la possibilité de remédier au moins partiellement à cette plaie endémique nous remplit d’un tel espoir, d’un désir si ardent de prendre tous les moyens d’y réussir, qu’on oublie le mal à l’idée de tout le bien qui peut être fait, rapidement, victorieusement, sur un champ encore illimité.

La colonisation, j’y insiste, est l’œuvre par excellence, l’œuvre vitale, et elle seule peut nous assurer une prospérité normale, solide et durable. En elle est, en effet, le fondement de notre édifice national. L’établissement de nos régions les plus favorisées est la base même de notre développement. C’est uniquement par l’expansion de notre race que nous arriverons à poser sur le sol de l’Amérique un pied ferme, et à l’y maintenir en dépit de tous les assauts. Il faut que le petit peuple franco-canadien