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blable à celles des bords du St. Laurent, grande, bien divisée, bien aménagée, confortable, offrant toutes les images et toutes les ressources de la civilisation.

Relativement enrichi par son commerce de fourrures avec les Indiens, le père Piché avait réussi à faire donner une éducation complète et parfaite à quatre de ses filles, dont les deux dernières, qui habitent seules aujourd’hui le toit paternel, en charment et en anoblissent l’intérieur, encore quelque peu rude, par l’hospitalité affable, la courtoisie digne qu’elles exercent envers l’étranger, et par une distinction de manières, une sûreté et une élégance de langage qu’on ne rencontre que dans la meilleure société des villes.

Voilà plus de vingt ans que le père Piché habite sa pointe et qu’il y fait avec les Indiens le commerce de fourrures, en opposition à la compagnie de la Baie d’Hudson qui avait autrefois le privilége exclusif de la traite. Son magasin, rempli d’effets, de vêtements et de provisions qu’il trafique contre des peaux, est une espèce de hutte noire, à moitié ensevelie, dont on ne voit guère que le toit hors de terre, et, dans le pignon, une porte solidement cadenassée.

C’est dans ce « réduit obscur et ténébreux » que le père Piché a amassé laborieusement une honnête fortune qui lui a permis de s’entourer de tout le luxe que comporte un séjour loin des hommes et de toutes