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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

anomalie sur un continent presque tout entier saxon, nous qui avons à faire, pied à pied, une lutte de tous les jours, rien que pour exister et pour nous maintenir, sans perdre de terrain et sans déchoir, tandis que les nationalités qui nous entourent n’ont qu’à aller de l’avant pour atteindre leurs destinées, sans avoir d’autres obstacles à combattre que les obstacles naturels de la route et les difficultés que rencontre, partout et toujours, le moindre progrès humain.

Non seulement nous avions l’air de prêter la main à notre propre déchéance, mais encore nous ne voulions rien entendre aux paroles de ceux qui combattaient sans relâche au nom du colon et qui cherchaient à nous faire connaître combien notre pays si dédaigné était riche en sol, riche en minéraux, riche à profusion de toutes les richesses qui peuvent faire prospérer une grande nation.

De là tant de notions fausses alors, soigneusement entretenues, sur la prétendue stérilité de bien des parties de notre territoire reconnues aujourd’hui comme remarquablement fertiles. De là aussi cette émigration lamentable vers les États-Unis, qui appauvrissait nos vieilles paroisses, et empêchait l’éclosion et l’épanouissement des contrées nouvelles. Il semblait que le peuple canadien ne pût sortir des limites tracées par les premiers établissements, le long des rives du Saint-Laurent et de celles des principales