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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

l’invoquer, ou plutôt, qu’on n’osait point la faire exécuter, malgré les conditions formelles de défrichement imposées aux détenteurs de vastes étendues de territoire.

Depuis l’établissement de la Confédération, on peut le dire d’une manière générale, alors que rendus entièrement à nous-mêmes, nous devions comprendre quelle était avant tout notre mission sur ce continent, aucune question n’avait été laissée dans un marasme aussi profond, dans un abandon aussi funeste que celle de l’établissement agricole de notre province.

C’est en vain que tous les pays de l’Amérique, les États-Unis, le Brésil, le Chili, la République Argentine, et tout près de nous, la province d’Ontario spécialement, donnaient l’exemple de la subordination de tous les intérêts publics, quels qu’ils fussent, à l’intérêt majeur, essentiel, primordial, de la colonisation, nous ne voyions que l’augmentation plus ou moins grande des revenus provenant de la coupe des bois, nous semblions encourager l’émigration de nos compatriotes, et nous préparions peu à peu la déchéance de notre nationalité en sacrifiant le colon au spéculateur, le sol à la forêt.

Et c’était nous cependant qui avions le plus besoin de développer notre pays, de nous répandre et de nous fortifier par le nombre ! nous, placés seuls en présence de races qui nous considèrent comme une