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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

telligence, écartant les voiles de l’avenir, lui avait révélé ce que pouvait devenir, avec les développements récents et les communications nouvelles, la vaste contrée où il avait jusque là exercé obscurément son ministère.

Le Père Paradis, tel était cet homme dont le nom devait bientôt se trouver en butte à d’implacables ressentiments, conçut le projet d’explorer en entier la vallée du Témiscamingue, et, après une étude approfondie, il revint avec la conviction que cette vallée pouvait non-seulement contenir une quarantaine de paroisses d’un établissement facile, mais qu’il était possible en outre de faire disparaître les rapides qui interceptent la navigation de l’Outaouais en abaissant simplement le niveau du lac. Il suffirait pour cela d’enlever les battures qui forment la tête du Long Sault, d’y creuser suffisamment pour abaisser de vingt-deux pieds les eaux du Témiscamingue, et, en même temps, d’élever les eaux de l’Outaouais de trente-deux pieds en construisant une digue à Mattawa, la chute de la rivière par les différents rapides, entre le lac et Mattawa, étant évaluée à 54 pieds. De la sorte, le Long Sault et les autres rapides se trouveraient noyés et l’on aurait une navigation non interrompue de 115 milles depuis l’embouchure de la Mattawan jusqu’à celle de la rivière Blanche, et de vingt milles de plus sur celle-ci, sans compter