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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

tion aussi primitive, aussi pénible et aussi lente que celle dont nous venons de voir ci-dessus les premiers essais, serait ou irrévocablement abandonnée ou transformée du faîte à la base, qu’elle changerait entièrement d’aspect et serait poussée vigoureusement en un très court espace de temps, s’il était démontré qu’elle était réellement profitable et valait la peine d’être entreprise avec de puissants moyens et sur une vaste échelle.

Notre pays est jeune ; il manque de population et de capitaux. Nous ne sommes que cinq millions d’âmes disséminées sur un territoire presque aussi grand que l’Europe, mais nos richesses naturelles sont incalculables, illimitées. Illimitée aussi notre confiance dans nos forces et dans nos destinées. Un sang nouveau semble avoir pénétré dans nos veines depuis quinze à vingt ans, au spectacle des énormes enjambées du progrès scientifique ; un ferment d’audace et d’ambition nous agite, nous enflamme et nous pousse incessamment vers de nouvelles entreprises que nous n’aurions pas conçues autrefois, même dans nos rêves. Ce n’est pas en vain que nous respirons l’air puissant de la libre Amérique : avec nos voisins des États-Unis, nous sommes emportés dans le même torrent qui précipite hommes et choses vers des rivages toujours nouveaux, toujours plus reculés. L’action, l’exécution rapide, telle est la condition actuelle