bec, qui s’appelait alors le Bas Canada, il n’y avait que le fort de la compagnie de la Baie d’Hudson, et sur tout le parcours de la rivière Mattawan, il n’y avait qu’une seule famille de sauvages. Au lac Nipissing, il n’y avait que quelques membres de la tribu des Outaouais, établis là où la rivière des Esturgeons (Sturgeon River) débouche dans ce lac, et les seuls blancs qui parcourussent cette immense contrée farouche étaient les missionnaires Oblats qui y venaient une fois par année porter l’évangile et les sacrements aux quelques postes des Indiens çà et là disséminés le long des cours d’eau.
Aujourd’hui Mattawa est une petite ville d’environ cinq cents âmes de population stationnaire et de quinze cents âmes de population flottante ; c’est un grand entrepôt pour le commerce de bois et surtout pour les approvisionnements : c’est là que les jobbeurs, sorte d’entrepreneurs qui contractent avec les marchands de bois pour une quantité déterminée de billots, font toutes les provisions nécessaires à l’alimentation des bandes de bûcherons qu’ils ont sous leurs ordres, et c’est là que les hommes de chantiers viennent, au retour de la saison passée au service des jobbeurs, dépenser une bonne partie de leur argent et festoyer avec une louable émulation ; aussi les hôtels et les magasins abondent-ils à Mattawa.