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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

Il n’a malheureusement pas été donné suite aux conclusions de M. Walter Shanley, mais la possibilité de canaliser la rivière des Français, de même que tout le trajet entre le lac Nipissing et la rivière des Outaouais, a été démontrée surabondamment, et, un jour ou l’autre, elle entrera dans le domaine des faits réalisés.

M. Eugène Taché, de qui nous tenons les quelques renseignements qui précèdent, nous racontait un jour par le détail cette fameuse expédition dont il faisait partie, les difficultés pénibles qu’elle avait eu à surmonter et les souffrances variées qu’elle avait dû subir. Dans ce temps-là, non seulement il fallait remonter l’Outaouais en canot à partir des rapides Joachim et « portager » encore le long de chaque rapide, ce n’était pas là le plus difficile ; ce qui l’était réellement, ce qui devenait pénible et souvent dangereux, c’était l’approvisionnement le long de la route, dans un pays entièrement sauvage et par des froids intenses qui quelquefois allaient jusqu’à quarante degrés au-dessous de zéro, comme cela fut constaté dans l’hiver de 1857-58, au lac à La Truite, là où la Mattawan prend sa source.

M. Taché passa un an dans ce pays, tout le temps que l’expédition y poursuivit ses travaux. Il n’y avait alors, nous dit-il, qu’une seule maison à Mattawa, du côté d’Ontario ; en face, du côté de la province de Qué-