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VOYAGES.

fondes quoique moins belliqueuses : c’est la nécessité seule, au milieu d’une crise terrible pour le salut de l’Union, qui a décidé le gouvernement à donner son appui à la construction de la plus grande des voies ferrées qui existent.

Pendant longtemps les lointaines régions de l’ouest n’avaient été protégées que par un système de forts isolés les uns des autres, et qui étaient loin de suffire aux besoins des settlers sans cesse poursuivis par les Indiens. Pour atteindre les territoires qui produisent les métaux précieux, il fallait traverser six cents lieues de prairies et de plaines et combattre en chemin toute espèce d’ennemis, de sorte que la colonisation était tenue constamment en échec, et d’incalculables sources de richesses étaient perdues. Les hommes avancés songeaient bien à un chemin de fer et au télégraphe, mais allez donc faire un chemin de fer à travers tout un continent presque désert, au milieu de difficultés jugées insurmontables par les esprits posés, ces sages qui, dans tous les temps, ont servi de bornes pour attacher les chevaux du progrès.

« Quoi ! vous voulez construire neuf cents lieues de voie ferrée à peu près dans le vide ! Et où trouverez-vous les moyens pour cela ? Qui voudra courir de pareils risques ? Quel profit en retirerait-on ? Comment traverserez-vous les Sierras-Nevadas, les Rocheuses, la chaîne des Humboldt ! des Washatch ?…… etc., etc.

Voilà comment raisonnaient les hommes sérieux, les gens de bon sens qui apprécient les situations toutes faites, mais ne voient pas comment on peut en créer de nouvelles.

Cependant, le besoin devenait de plus en plus impérieux, et le nombre des esprits hardis qui réclamaient un chemin