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CHRONIQUES

C’est la misère et l’ignorance qui enfantent les crimes ; il n’y en eût jamais autant qu’au moyen-âge et sous l’empire romain, époques où l’on mettait à mort sous les plus futiles prétextes. Or, on ne détruit pas l’ignorance et la misère par des spectacles horribles, mais par l’instruction publique qui est la condition du bien-être.

Les exécutions sont un non-sens dans une société civilisée, parce qu’elle a d’autres moyens de châtiment et de répression. Elle sont un reste de ces temps de violence où l’on ne cherchait pas à moraliser, mais à jeter la terreur dans les esprits. Aussi, de quels raffinements de cruauté s’entourait une exécution.

L’homme ignorait le droit dans l’origine, c’est pour cela qu’il en a faussé tous les principes. Il n’était qu’un être imparfait, rudimentaire, incapable de chercher la vérité que de grossières erreurs lui dérobaient sans cesse. Quand il forma une organisation sociale, ce fut au milieu des dangers ; tout était un ennemi pour lui, la guerre et le carnage régnaient partout ; il ne trouva d’autre remède que la mort, d’autre expiation que par le sang. Quand de grands crimes étaient commis, quand de grands malheurs frappaient un peuple, on prenait l’innocent et le faible, et on le sacrifiait aux dieux vengeurs. Mais à mesure qu’augmentait le nombre des sacrifices, l’esprit des peuples s’obscurcissait, et leur cœur devenait insensible.

On a fait l’histoire des siècles d’oppression et de barbarie ; reste à écrire celle des temps civilisés. Dans cette histoire encore à faire, j’en atteste l’humanité et la raison, on ne verra pas ce mot affreux « La peine de mort. »