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LA PEINE DE MORT.


Si l’exécution par la main du bourreau n’était pas définitive, irréparable, je l’approuverais peut-être. Un homme casse la tête à un autre, on lui casse la sienne et on lui en remet une meilleure, très-bien ! Tête pour tête, c’est la loi du talion. Belle chose en vérité que cette loi là ! Ce n’est pas la peine, si la société, être collectif, froid, sans préjugés, sans passion, n’est pas plus raisonnable qu’un simple individu, ce n’est pas la peine qu’elle se constitue et se décrète infaillible. Vaut autant revenir à la justice par soi et pour soi, qui a moins de formes et tout autant d’équité.

Au moyen-âge et plus tard, on trouvait que la mort ne suffisait point, qu’il fallait torturer et faire mourir un condamné des milliers de fois avant de lui porter le coup-de-grâce. La société moderne fait mieux ; elle admet les circonstances atténuantes, elle n’inflige pas de supplices préalables, elle s’est beaucoup adoucie, et c’est beau de la voir balancer un pauvre diable, pendant des semaines entières, entre la crainte et l’espérance, et lui accorder ensuite, s’il est condamné, plusieurs autres semaines, pour bien savourer d’avance toute l’horreur de son supplice.

Que penser de la loi qui impose à un homme pour fonction et pour devoir d’en tuer un autre ? Il faut pourtant bien, dit-on, qu’il y ait un châtiment pour punir le crime. Eh ! mon Dieu ! si cela même était une erreur ? D’où