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poésie




Venez, mes souvenirs, que je vous voie encore,
Passez devant mes yeux comme la fraîche aurore
Qui dorait mes vingt ans.
Passez, souffles ardents, où flottaient les ivresses
De mes jours enchantés, et qui de vos caresses
Attendrissiez le temps.




Quel accent triste et doux sort de la nuit tombante ?
Est-ce le bois qui pleure en courbant ses rameaux ?
Ou les échos du soir qui glissent sur les eaux
Avec l’ombre rêvante ?…




Non, je suis seul, hélas ! le sentier frissonnant
Ne rend plus de ses pas le fugitif murmure.
Je reviens seul, errant,
Avec le souvenir, vivante sépulture,
Où le bonheur s’engouffre en laissant le regret,
Semblable à ce reflet
Qu’agite le soleil sur une feuille morte,
Et qui la suit au loin dans le vent qui l’emporte.