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CONFÉRENCES

IV.


Cette jalousie, si elle existe, est absolument inintelligente, et il faut de bien fortes preuves pour y croire ; le Grand-Tronc a peut-être plus de motifs pour la ressentir, mais ces motifs sont insuffisants, comme on peut s’en convaincre. Il se peut que quelques individualités, dans ces deux grandes compagnies, voient notre chemin de fer d’un mauvais œil ; mais, comme corps, elle n’ont rien à en craindre : au contraire.

La compagnie du Richelieu fait un commerce tout-à-fait à part ; aucun chemin de fer au monde ne pourrait lui enlever son fret et qu’une très faible partie de ses passagers, ceux qui sont en retard ou trop pressés. Tout le monde sait que le transport par eau est beaucoup plus économique que par terre, et que, dans la belle saison, les voyageurs préfèrent de beaucoup les bateaux aux chemins de fer. Et puis, c’est un bien grand préjugé que celui qui fait redouter la concurrence ; c’est elle qui fait vivre le commerce au lieu de le tuer ; ce qu’elle tue, c’est le monopole, lui-même souvent son propre ennemi. La concurrence multiplie les moyens de transport, les met à la portée de tous, stimule l’envie de produire par la facilité de l’expédition, poursuit le producteur partout où elle peut l’atteindre, lui