Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
CONFÉRENCES.

Et ici, plaçons, au sujet de Montréal, une réflexion dont le cours de cet écrit démontrera la justesse. Qui a fait le Montréal d’aujourd’hui, le Montréal qu’on connaît, cette ville florissante, magnifique, qui, dans un quart de siècle, rivalisera avec New-York lui-même, lorsque les canaux auront été élargis et que les chemins de fer y viendront de toutes les directions ? C’est le pont Victoria. Avant que fût construit ce pont qui met Montréal en communication non interrompue, l’hiver comme l’été, avec tout le continent américain, Montréal n’existait pas ou existait comme Québec, ce qui revient au même. — Depuis, des relations constantes avec les américains, un échange quotidien d’idées, une émulation toujours entretenue, des projets succédant aux projets, des entreprises nouvelles chaque jour mises en avant, un courant énergique et vigoureux, sans cesse renouvelé, passant à travers tous les rangs de la population, lui ont versé un sang riche et allumé un esprit d’une hardiesse telle que les plus fastueuses conceptions lui semblent aisément réalisables.

Or, ce qu’a fait Montréal, il y a vingt ans que Québec aurait dû commencer à le faire, il y a vingt ans que tous les citoyens de la capitale auraient dû faire un sacrifice intelligent et intéressé qui assurât la construction du chemin de fer du nord ; toutes les fortunes auraient dû se réunir et s’offrir pour cette œuvre patriotique qui était en même temps une œuvre pleine de récompenses, et Québec serait en voie de devenir, comme nous le disions plus haut, le second port de mer de l’Amérique.

Nous ne voulons rien risquer, rien dire au hasard dans cet écrit qui est avant tout une étude serrée et précise de la question qu’il s’agit d’exposer. Qu’on veuille nous