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CONFÉRENCES.

ce que la liste en soit complétée peut-être dans un quart de siècle. Ce qu’il nous faut, à nous comme aux État-Unis, c’est la réciprocité dans le plus bref délai ; protection contre tous les autres pays, libre-échange avec les américains ; détruire les douanes à l’intérieur, les élever partout sur la frontière maritime. Par ce moyen seul, notre jeune industrie prendra un vaste essor, et les inépuisables produits de nos forêts, des eaux et du sol, auront un libre cours sur un marché qui, avant dix ans, sera le premier marché du monde.



Notre fortune est inséparable de celle des américains ; nous ne pouvons pas, traînés à la remorque de l’Angleterre, nous réjouir ni profiter de leur affaiblissement ou de leurs divisions. Frères jumeaux venus sur le sol d’Amérique, mais séparés en naissant, eux ont grandi dans une atmosphère vigoureuse ; nous, retenus au maillot, bercés dans nos langes avec le refrain des commères et sous le souffle languissant d’un long passé, nous ne faisons que commencer à croître, nous apparaissons au grand jour après deux siècles d’enfance, étonnés que tant de grandeurs entourent un berceau et qu’un avenir aussi illimité que l’espace s’offre à des yeux à peine entr’ouverts. Nous avons vécu toujours, toujours en tutelle, dans la dépendance sous toutes ses formes ; peuple géant de l’avenir, notre berceau a été celui d’un nain subissant pendant deux siècles l’arrêt de son développement ; aux rayons de la clarté scientifique, nous avons été le dernier appelé peut-