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CONFÉRENCES.

disproportion apparente entre la condition financière des États-Unis et celle du Dominion.

Les américains ont une dette de $2,200,000,000 qui, répartie sur une population de 40,000,000 d’âmes, donne $55 par tête, tandis que la dette du Canada n’est que de $150,000,000. Mais le Canada n’a qu’une population de trois millions quatre cent mille âmes, ce qui fait au moins $30 par tête d’habitant. Si nous ajoutons dix-huit millions pour améliorer la navigation de nos canaux comme elle doit l’être, nous nous trouvons à avoir une dette qui représentera $40 par tête : on voit de suite que la disproportion diminue considérablement. En outre, l’immigration qui se fait chez nous est comparativement insignifiante, tandis qu’elle est de plusieurs centaines de mille âmes tous les ans aux États-Unis ; de sorte qu’avant qu’il s’écoule un long temps, les américains se trouveront devoir moins que nous. Ajoutons que les États-Unis diminuent leur dette, tandis que la nôtre ne fait qu’augmenter.

La dette publique américaine ayant baissé de près d’un tiers, la plupart des états du Sud ayant retrouvé leur ancienne prospérité, à ce point que la récolte du coton a été l’année dernière plus forte qu’elle ne le fut jamais, il n’y a plus raison pour les États-Unis de maintenir le système formidable de protection établi pour acquitter les obligations de la guerre civile. Aussi, depuis trois ans, les droits ont-ils diminué de beaucoup sur les matières premières ; chaque armée, de nouveaux articles s’ajoutent à ceux qui sont admis en franchise ou à une forte réduction de droits ; mais on sent bien que c’est là un moyen beaucoup trop long d’arriver à la réciprocité, et qu’on ne peut pas attendre que le libre échange soit établi article par article jusqu’à