Si, disait l’hon. John Young, à la réunion de la Chambre de Commerce du Dominion tenue en janvier 1872, si notre charbon, dont la Nouvelle-Écosse contient des milliards de tonnes, si notre minerai de fer et de cuivre, si le pétrole, le sel, l’ardoise et le gypse pouvaient être exportés librement aux États-Unis, la prospérité du Canada en recevrait une impulsion merveilleuse. Quand je porte les yeux sur la province de Québec, quand je contemple les vastes rivières qui coulent du nord dans le St. Laurent, toutes pourvues de magnifiques pouvoirs d’eau, et que je vois un peuple impuissant en face de ces dons de la nature, quand je songe que vingt-huit mille canadiens ont émigré l’année dernière aux États-Unis pour y chercher de l’emploi, je me sens près de désespérer ; tandis qu’avec un zollverein, la province de Québec ne tarderait pas à attirer le travail et l’immigration…… »
Ces paroles de l’homme qui, depuis vingt-cinq ans, se consacre à l’étude de notre situation commerciale et aux moyens d’élever le Canada rapidement au niveau des grandes nations, doivent donner pour le moins à réfléchir. Il n’est pas une classe d’hommes aujourd’hui qui, débarrassée des préjugés et des mobiles mesquins d’un faux loyalisme, ne soit prête à lui faire écho.
Parlant du lac Michigan dont le traité de Washington nous ouvre la libre navigation pendant huit années, au bout desquelles nous nous trouverons exactement dans la même position qu’auparavant, l’hon. John Young a émis l’idée que le Canada devrait négocier lui-même les traités où ses intérêts propres sont en jeu. C’est là l’indépendance établie en fait et en droit, si ce n’est de nom. Sans doute, la question se trouverait de la sorte extrêmement simplifiée