mouvement des choses politiques et qui subsistent, parce qu’ils sont pour ainsi dire inhérents au sol et résultent de la situation géographique qui crée des mœurs et des intérêts essentiellement distincts ; ces deux partis sont ceux du Nord et du Sud.
Les états du Nord ne veulent pas des annexions faites au Sud, et les états du Sud ne veulent pas des annexions faites au Nord, mais tous ils se réunissent sous la même bannière quand il s’agit d’éloigner l’Europe de ce continent et de voir les colonies, qui s’y trouvent encore, affranchies de leurs métropoles. Cette volonté, ils la poursuivent régulièrement, sans emportement, sans ardeur belliqueuse, sans violence diplomatique, mais avec obstination, avec toute la persistance d’un droit incontesté. C’est pour cela qu’ils n’ont pas craint, il y a huit ans, de payer à la Russie jusqu’à sept millions pour le territoire désolé, stérile et glacé d’Aliaska dont ils ne savent en vérité que faire, mais dont l’acquisition a éloigné pour toujours une grande puissance de l’Amérique du Nord. Si jamais les états du Nord voulaient nous annexer à eux, ce n’est que lorsqu’ils y seraient contraints par la nécessité politique, celle de parti, ou par l’impossibilité de continuer leurs relations avec la Grande-Bretagne, tant qu’elle garderait un pied à côté de l’Union Américaine. Or, je crains bien que cette impossibilité ne soit démontrée davantage à quelque occasion prochaine, malgré le grand apaisement apporté de part et d’autre par le traité de Washington.
D’autre part, il semble que si l’annexion du Canada était désirée par le peuple américain, la presse ne tarderait pas à en faire une question débattue par tous ses organes, à créer à ce sujet une agitation universelle, comme c’est la