avec leur destinée manifeste, frappaient si vivement les esprits qu’on avait l’air de chercher des deux côtés le moyen de faire aux colonies une situation nouvelle qui réalisât le but sans que les noms fussent changés.
Il y a trois ans, messieurs, on sortait encore à peine des grandes époques de crises : les traditions et les animosités étaient vivaces ; les souvenirs couvaient sous la cendre chaude ; on ne pouvait presque parler des États-Unis sans qu’immédiatement fût éveillée l’idée d’annexion, et avec elle le cortège bouillant des antipathies et des tendances mises en lutte. Entre plusieurs ordres de choses qui cependant ne présentent aucune corrélation nécessaire, s’établissait immanquablement une confusion déplorable qui paralysait tout. La politique, qui n’a souvent que des voies tortueuses et des inspirations funestes, qui introduit les injustices et l’aveuglement des partis dans les questions les plus indépendantes, semble n’avoir d’autre objet, en se mêlant à tout, que de jeter le désordre dans les esprits et d’embrouiller les choses les plus claires. Pour un bon nombre, la réciprocité ou une union douanière ne signifient autre chose que l’absorption des provinces britanniques par l’Union américaine : de là le cri immédiatement poussé de loyauté, de dignité nationale, et cette politique qu’a voulu faire prévaloir le gouvernement Macdonald, politique consistant à ne dépendre que de nous-mêmes, « to fall back on our own recources. »
Depuis trois ans, que les choses ont changé ! La Confé-