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CONFÉRENCES.

pression provisoirement employée pour celle d’indépendance.

Il semblait alors que toute solution des difficultés existant entre l’Angleterre et les États-Unis était impossible, à moins qu’on posât d’abord comme base des négociations, comme condition inévitable, imposée par les relations des deux pays et nos circonstances particulières, l’indépendance des colonies britanniques. M. Sumner, le grand homme d’État américain qui vient de mourir, avait même proposé au Congrès l’acceptation de cette base préalablement à toute négociation, et si sa proposition fut rejetée, ce n’est pas qu’on en contestât le principe, mais parce que le Congrès n’avait pas voulu exercer de pression sur les commissaires du traité ou porter atteinte aux usages internationaux.

L’Angleterre, cependant, cela ressortait avec évidence de la voie dans laquelle elle s’était engagée, était prête à admettre toutes les réclamations américaines, et son parti était pris de vider une bonne fois toutes les questions, d’éponger l’ardoise, de nettoyer pour toujours ce passé hargneux qui divisait deux grandes nations, et de se débarrasser de l’avenir. Or, se débarrasser de l’avenir, s’affranchir de ses périls toujours imminents, toujours malaisés à prévoir, signifiait alors pour la Grande-Bretagne se détacher à jamais de ses colonies américaines. Sans cela, les difficultés pendantes seraient à peine résolues qu’il s’en présenterait de nouvelles. L’inconséquence, l’anomalie d’une dépendance coloniale à côté des États-Unis, dans un temps où toutes les sociétés cherchent leur place fixe et ne la trouvent que dans l’harmonie entre eux de leurs rapports géographiques et commerciaux, de leurs aspirations