source toute nouvelle, jaillirent de mon âme consolée. Puis je pris la route du Belvédère, je longeai le chemin St. Louis et j’arrivai sur la plate-forme, à l’heure où je pouvais être seul, où le flot des promeneurs ne viendrait pas troubler l’attendrissement de mes pensées.
Ah ! que vous dirai-je, que vous dirai-je, lecteurs, en terminant ce long et douloureux récit pendant lequel plus d’un d’entre vous peut-être a partagé mes cruelles angoisses ? Je restai bien longtemps, bien longtemps sur cette plate-forme d’où mon regard embrassait un si magnifique morceau de la patrie. À cette hauteur, mon âme s’élevait avec le flot de ses innombrables souvenirs, mêlé cette fois à celui des espérances dont le cours semblait s’être si longtemps détourné de moi. Je revis mon passé disparu, comme si c’était pour la dernière fois ; j’en regardai s’éloigner une à une les ombres muettes qui me quittaient tristement ; il y avait là bien des regards et des sourires qui m’attiraient encore, mais je n’en pouvais, hélas ! retenir un seul : ils s’enfuyaient…… et pourtant je les voyais toujours. Oh ! non, non, chères et douces choses envolées ; il n’y a pas de nuit ni de passé pour le souvenir ; vous êtes toujours vivantes, toujours présentes, et vous me resterez quand même. Ce n’est pas moi qui mettrai sur vous le linceul et le temps ne peut rien dans mon cœur. Ce qui me reste à vivre ne vaut pas ce que j’ai vécu ; je vous suivrai toujours et jamais aucune ombre ne vous dérobera à mes yeux. Toutes, toutes, désormais, vous m’êtes chères ; vous à qui je dois mes bonheurs fugitifs, je vous bénis, et vous à qui je dois mes longues angoisses, je vous par-