Ce lendemain était vendredi, 3 juillet, jour ou j’allais me montrer pour la première fois dans toute ma gloire aux citoyens d’Omaha, mais pour leur dire un éternel adieu. À dix heures j’arrivais au bureau de M. Bradlaugh, rue Farnham, avec une magnifique assurance et un front superbe. Il me semblait que tout ce qu’il pouvait y avoir d’employés dans ce bureau se précipiteraient vers moi pour m’offrir cent dollars. Je tenais à la main ma dépêche et je la chiffonnais avec une nonchalance caressante. On me dit de revenir à onze heures ; je revins à onze heures. On me dit de revenir à midi, je revins à midi ; M. Bradlaugh n’y était pas encore ; alors j’expliquai comme quoi je devais prendre le train sans faute à trois heures et que je n’avais pas de temps à perdre. « M. Bradlaugh sera certainement ici à 1½ heure, » me dit-on ; « va pour 1½ heure, » me dis-je ; ma malle était toute prête, je n’aurais eu qu’à toucher mon argent, payer mon hôtel et partir. À l’heure indiquée, je paraissais de nouveau rue Farnham, 28, et j’entrais en pourparlers avec un homme qui était le chef du bureau. Je lui montrai ma dépêche et lui demandai s’il avait reçu instruction de me donner les cent dollars qui s’y trouvaient indiqués. « Non, me répondit-il ; du reste, je n’ai pas d’instructions à recevoir de Montréal. Nous représentons ici une agence de la maison Bradlaugh dont le siège général est à New-York, et tous les ordres doivent nous venir directement de ce dernier endroit. Si l’on a fait un dépôt pour vous à Montréal, il faut que l’agence de Montréal en ait donné avis à New-York, d’où instruction