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VOYAGES

à sec. Je comptais avoir une réponse au bout de quelques heures. Dans la soirée je me rendis au bureau du télégraphe ; on n’avait encore rien reçu pour moi ; je me rendis à deux autres bureaux où la réponse à ma dépêche pouvait peut-être se trouver ; même néant. Jusqu’à deux heures du matin, j’allai ainsi d’un bureau à l’autre sans être plus avancé. Une inquiétude mortelle commençait à me serrer le cœur ; je me faisais toute espèce de consolations : « C’est un peu cher qu’un télégramme de deux dollars, me disais-je, et mon ami considère qu’il est inutile de m’envoyer un message, puisque mon argent est sur le point de m’arriver. »

Je passai un bout de nuit fiévreuse, sans sommeil, pendant lequel j’avalai cinq à six verres d’eau à la glace. Au matin, à huit heures, j’avais déjà parcouru les trois bureaux de télégraphe. Pas une réponse encore. J’attendis l’ouverture de la malle : « Nous ne recevons pas de lettre enregistrée le lundi, » me répondit le commis à qui j’avais parlé la veille. J’en avais donc encore pour une journée de plus. Cette journée, je la passai à aller d’un bureau de télégraphe à l’autre ; que pouvais-je faire et qu’avais-je à faire ? Mon inquiétude, était telle que je ne pouvais pas rester assis un instant pour lire une ligne, pas même les nouvelles des journaux. Le mardi, pas encore de lettre, pas encore de message. Le lecteur ne peut pas comprendre, et, moi, je ne saurais lui dépeindre ce que c’est qu’une pareille situation.

Il faudrait qu’il eût vu Omaha, qu’il sût l’ennui accablant qui règne, dans cette petite ville peuplée uniquement