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VOYAGES

Restait le propriétaire du Courrier ; mais il était aussi absent. Je parvins à m’aboucher avec un des rédacteurs qui me mit complaisamment au courant de ce que j’aurais dû savoir plus tôt, c’est-à-dire que ce journal n’avait guère besoin de rédaction proprement dite, qu’il n’était à peu près qu’un résumé de faits et de nouvelles, un écho d’articles de France et une feuille d’annonces. Les français de San-Francisco le soutenaient libéralement, parce qu’ils tenaient à avoir un journal de leur langue, et surtout parce qu’il y a, dans l’intérieur de la Californie, un certain nombre de leurs compatriotes absolument sans nouvelles de la patrie et encore étrangers à la langue anglaise. C’est un besoin pour ces derniers qu’un journal français, mais ça n’en est plus un pour les résidants de la ville.

Au reste, il faut remarquer ceci. Les français, en quelque nombre qu’ils soient, qui habitent les villes américaines, ne constituent pas un groupe national. Ils se considèrent toujours comme à l’étranger, avec intention de retour, et ceux, bien rares, qui s’y fixent permanemment, s’américanisent, et n’ont plus guère souci que des deux grands journaux français de New-York, le Courrier des États-Unis et le Messager Franco-Américain.

Nous, en Canada, nous formons au contraire une véritable nationalité avec ses traditions et son histoire, possédant le sol,