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VOYAGES

ménagerie et un aquarium, préparer des terrains pour les grands pachydermes de l’Asie et de l’Afrique, construire un musée de fossiles, un autre pour toutes les espèces d’oiseaux connus, une galerie de peinture, de sculpture, et enfin des serres chaudes où étincellent, sous les baisers d’un soleil toujours égal et le reflet ardent des vitres, les plantes les plus brillantes des deux hémisphères.

Ce jardin est une promenade en même temps qu’une étude, et l’on peut y passer des journées entières sans avoir tout vu. Il y a des retraites ombragées, parfumées et discrètes, pour le visiteur qui vient se reposer et recueillir ses notes, s’il appartient à la catégorie de ceux qui visitent pour apprendre. Il y a aussi une salle de musique, un grand café, et des fontaines et des bassins et des jets d’eau qui retombent sur des tapis de verdure émaillés des fleurs et des plantes les plus rares.

Le musée ornithologique surtout est des plus complets. L’aquarium renferme une variété fort curieuse des poissons, mollusques et zoophytes du Pacifique, et la ménagerie est peut-être aussi considérable que celle de Barnum lui-même : c’est une bonne partie de l’arche de Noé qui est enfermée dans ces boîtes à barreaux de fer où l’homme pourrait bien souvent prendre place au lieu du tigre ou de l’hyène. Oui, certes, je trouve qu’il y a un être encore plus féroce que le fauve le plus cruel, c’est l’homme qui l’emprisonne. Il m’est impossible quand je visite une ménagerie, de me défendre d’un serrement de cœur. Si la science a des droits, quels peuvent être ceux de la simple curiosité et que peut avoir à faire la science elle-même avec ces pénitentiaires d’animaux ?