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VOYAGES

Voici quelque chose qui va surprendre le lecteur. Dans un État de l’Union Américaine, la monnaie légale, le papier des États-Unis n’est d’aucun usage ! les Californiens ne se servent jamais que d’or ou d’argent, ils ignorent les greenbacks. On ne serait pas admis parmi eux à payer quoi que ce soit avec du papier. Celui qui voudrait se prévaloir de la loi et forcer son créancier à recevoir des greenbacks, aurait peut-être raison devant les tribunaux, mais il serait perdu dans l’opinion. Si vous n’avez que du papier, hâtez-vous de le faire changer chez le premier courtier venu ; vous recevrez indifféremment de l’argent ou de l’or, l’argent ne subissant qu’un escompte d’un demi pour cent. L’état qui produit à profusion tous les métaux précieux, peut, à bon droit, se passer d’une monnaie fiduciaire soumise à toute espèce de fluctuations.

Les maisons de San-Francisco sont en brique ; beaucoup sont en bois, surtout les belles résidences éloignées du centre des affaires : d’autres sont en fer peint. Il n’y a qu’un seul édifice en pierre dans toute la ville, c’est la Bourse. La raison en est qu’il n’y a pas de carrières jusqu’à une grande distance dans l’intérieur : pour bâtir la Bourse, on a fait venir de la pierre de Chine ; mais comme les pierres de l’édifice étaient taillées et numérotées d’avance, on a dû faire venir en même temps les ouvriers qui les avaient préparée, pour qu’ils les plaçassent eux-mêmes. Si la plupart des maisons sont en brique, ça ne se voit guère, attendu qu’on