nombrables détours, comme des serpents effrayés ; l’éclat fugitif de leurs flots se mêle avec celui de la végétation qu’ils reflètent et qu’ils animent, pendant que le spectacle de l’industrie humaine qui, même dans ces profondeurs, cherche des éléments à son activité, vient s’ajouter encore aux magnificences de la nature.
Les pentes et les vallées des Sierras sont couvertes de pins exploités sur une grande échelle, en même temps que retentissent de toutes parts les travaux des mineurs disséquant les inépuisables mines d’or et d’argent.
On conçoit qu’un chemin de fer ne peut traverser une chaîne de montagnes en droite ligne, qu’il contourne sans cesse et suit chaque détour ; il ne peut pas escalader les pics ni plonger dans des gorges, et par conséquent la route à faire se trouve de beaucoup allongée, mais qui s’en plaindrait dans les Sierras ? On ne se lasse jamais d’un pareil spectacle. Le véritable beau a le privilège d’être de plus en plus nouveau, de même qu’un sentiment profond puise de nouvelles forces dans sa durée et ne s’altère jamais à aucun contact.
Lorsqu’on a descendu le versant opposé des Sierras, on commence à voir se dérouler dans un lointain magique les glorieux champs de la Californie. On entre en plein dans la vallée féconde de la rivière Sacramento ; tout ce que la nature produit s’étale sous le regard ; les céréales de toute espèce, le maïs, les vignobles, les champs de moutarde et de betterave, des vergers qui contiennent tous les fruits ima-