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VOYAGES

Lac-Salé, à environ 800 milles de San-Francisco. C’est en cet endroit que, le 10 mai 1869, un millier de personnes représentant toutes les classes de la société américaine se trouvaient réunies pour célébrer l’achèvement de la grande ligne nationale, formée par la réunion des deux sections :

« Les envoyés du chemin de l’Union du Pacifique, MM. Thomas Durant, vice-président, Dillon et Duff, directeurs, arrivèrent dans la matinée du 10 mai. Les préparatifs pour poser d’une manière solennelle les derniers rails furent bientôt faits. On avait laissé entre les deux extrémités des lignes un espace libre d’environ 100 pieds. Deux escouades, composées d’hommes blancs du côté des unionistes et de Chinois du côté des Californiens, s’avancèrent en correcte tenue d’ouvriers pour combler cette lacune. On avait dans les deux camps choisi l’élite des travailleurs, et c’était plaisir à voir comme ils s’acquittèrent vivement de leur besogne. Les Chinois surtout, graves, silencieux, alertes, s’entr’aidant adroitement l’un l’autre, furent l’objet de l’admiration et de l’approbation générales. « Ils travaillaient comme des prestidigitateurs, » dit un témoin oculaire.

À onze heures, les deux troupes se trouvèrent face à face. Deux locomotives s’avancèrent de chaque côté l’une au-devant de l’autre, pour exhaler dans un jet de vapeur un salut qui déchira les oreilles. En même temps le comité expédiait à Chicago et à San-Francisco une dépêche télégraphique adressée à l’Association des journaux des états de l’est et de l’ouest et ainsi conçue : « tenez-vous prêts à recevoir les signaux correspondans aux derniers coups de marteau. » Par un procédé très simple, les fils télégraphiques de la ligne principale correspondant avec les états de l’est et de l’ouest avaient été mis en communication électrique avec l’endroit