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VOYAGES

Un wagon vide, qui vient d’opérer sa livraison de rails, se porte à sa rencontre. Ceci a tout l’air d’un contretemps, car deux wagons allant en sens contraire ne pourraient circuler sur une seule voie ferrée. Cependant le wagon chargé poursuit son chemin sans ralentir son allure ; le wagon vide a été arrêté, et des bras d’hommes l’ont soulevé et rangé à côté de la ligne. Le wagon chargé passe outre, les conducteurs échangeant un hurrah avec leurs compagnons de travail. À la dernière limite de la ligne, deux hommes mettent des blocs de bois en avant du wagon, qui s’arrête aussitôt. Quatre autres ouvriers, placés des deux côtés de la voie, tirent à l’aide de crochets une paire de rails du wagon, la posent et l’ajustent sur les traverses en bois installées à l’avance par les coolies chinois, qui passent à bon droit pour d’excellents terrassiers ; puis le wagon est posé en avant de la longueur du double rail qui vient d’être posé, et la même opération recommence. Les tracklayers (poseurs de rails) sont suivis par une brigade d’ouvriers qui assurent le rail avec toute l’exactitude nécessaire et qui le fixent au moyen de rivets et de boulons. Ce sont des mécaniciens qui sont chargés de ce travail exigeant beaucoup d’expérience et un certain jugement. Une bande de Chinois s’avance derrière eux pour compléter l’ouvrage qu’ils ont commencé. Enfin vient l’arrière-garde, encore composée de Chinois, travaillant sous l’inspection de surveillants irlandais et allemands ; armés de pioches et de pelles, ils recouvrent les extrémités des traverses de terre fortement tassée, afin de leur donner plus de solidité.

« Pendant ce temps, les ingénieurs, inspecteurs et sous-inspecteurs des travaux se montrent sur tous les points. On les voit à cheval courir sans cesse le long de la ligne