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VOYAGES

Le Tabernacle peut contenir huit mille personnes assises ; il ne sert pas seulement aux exercices religieux, mais à toutes les solennités et à toutes les réunions des Saints, qui n’ont rien de mieux à faire en attendant le dernier jour.

Peu après avoir quitté Ogden, on côtoie les bords du Lac Salé pendant deux ou trois heures. On y arrive par de nombreux détours au milieu de souriantes vallées dominées par des promontoires qui s’élèvent jusqu’à une hauteur de dix à douze mille pieds au-dessus du niveau de l’océan, et qui sont couverts de neiges éternelles. Le grand Lac Salé est un phénomène de la nature. Il a quarante-deux lieues de long sur quinze de largeur et renferme plusieurs îles qui sont de véritables oasis. Ses eaux sont si salées qu’aucune espèce d’êtres ne peut y vivre et que les gibiers de mer n’en approchent pas ; ils se tiennent dans les joncs et les marais qui l’avoisinent.

Le lac n’offre pas de débouché et cependant il reçoit les eaux de plusieurs rivières ; c’est l’évaporation qui absorbe cet énorme volume d’eau qui finirait par inonder plusieurs territoires à la fois si aucune cause ne venait le diminuer.

Cependant, malgré l’activité incessante de l’évaporation, on a constaté depuis la colonisation de l’Utah, depuis que le sol aride a été changé en terrains productifs et florissants, que les eaux du lac se sont élevées tranquillement de douze pieds en moins de vingt ans. Voilà certainement un fait digne de toute l’attention des géologues. Le lac voudrait-il reprendre son ancien empire qui s’étendait jadis jusqu’à une hauteur considérable des monts qui l’entourent ? À quelle époque des temps géologiques avait-il atteint cette