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VOYAGES.

rudes types, débraillés, osseux et sveltes, au pas indolent et hardi à la fois, figures anguleuses et franches, regard dont aucune inquiétude, aucun regret n’atténue l’assurance dans la force personnelle et la foi dans l’aventure, pour se faire une idée de ces pionniers qui marchent bien en avant des civilisations et qui frayent des routes là où le compas n’a pas encore mesuré l’étendue.

Vingt-six heures après avoir quitté Omaha, l’on arrive à Cheyenne, petite ville bâtie dans le sable qui contient 3,000 habitants, et où il n’y avait qu’une maison, une seule en 1867.

Déjà l’on s’y trouve à une hauteur de six mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur un sol volcanique rempli de débris fossiles.

Dans cette petite ville, qui date de cinq à six années à peine, il y a déjà un journal quotidien, une revue mensuelle, de beaux édifices, des fabriques considérables et des ateliers où l’on prépare l’agathe, cette jolie pierre qui, montée sur l’or californien, constitue le bijou préféré des Américains. C’est à Cheyenne que se font aussi la plupart des chaussures pour les settlers de l’Ouest et ces selles bizarres, tout exprès pour des hommes qui passent des journées entières à cheval et qui ont souvent des trente à quarante milles à faire d’un établissement à un autre. Le cheval des plaines ! Il ne faut pas, lecteur, rêver à la cavale de l’Arabe. Celui-ci est un petit animal, d’assez maigre apparence, au galop mesuré, fait plutôt pour la fatigue que pour la course, qui