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VOYAGES.

été battus par les unionistes. C’est le contraire qui est vrai, car en tenant compte des difficultés de passage dans la Sierra-Nevada (les Montagnes Rocheuses, traversées par l’Union, n’offrent pas les mêmes obstacles), il avait toujours été admis que la plus longue partie du tracé du Pacifique serait construite par cette dernière compagnie. Après avoir franchi la Sierra, les Californiens exécutèrent en seize mois 562 milles, tandis que l’Union n’en acheva que 530 dans le même espace de temps.

Les Américains prétendent en manière de proverbe que, pour faire bien, il faut faire vite. Toutefois il n’est guère possible de construire 17 kilomètres de voie ferrée en un jour sans commettre par-ci par-là quelques fautes plus ou moins graves. On peut voir, d’après un grand nombre de faits, à quel point d’insouciance fonctionnaires et employés en étaient venus, combien ils méprisaient le danger et se jouaient de toute responsabilité. Je n’en citerai qu’un seul exemple, relevé par M. Snow, commissaire du gouvernement. « Un mécanicien reçoit l’ordre de faire avancer une locomotive ; il s’y refuse en disant qu’elle est en trop mauvais état, et qu’elle éclatera, si on la chauffe. On le renvoie du service. Un second mécanicien reçoit le même ordre, fait la même réponse et partage le sort de son camarade. Enfin un troisième est prêt à obéir. Il part. — Une heure après la machine faisait explosion, tuant du même coup l’ingénieur, le chauffeur et le mécanicien. Cela se passait à Rawlings Springs le 13 février 1869. »