tre salaire que celui qu’il retire de sa commission sur chaque lettre ou journal distribué ; or, il s’est fait l’an dernier un revenu de $165 par ce seul moyen. Tous les jours il distribue à peu près trois cents journaux des grandes villes, de sorte qu’il n’y a pas une famille qui n’en reçoive un et même plusieurs. »
Je l’écoutais en silence, couvert de confusion. Je me rappelais que, pendant mes courses à la campagne cet été, dans des chefs-lieux qui comptent près de 3,000 âmes, c’était à peine si j’avais pu trouver quinze ou vingt abonnés aux journaux indispensables, quelle qu’en fût la couleur, et que j’avais inutilement cherché en bien des endroits, soit le Pays, soit la Minerve. En Canada, le journalisme est la profession des hommes intelligents qui n’arrivent à rien, et ceux qui font des chroniques arrivent moins vite que les autres, parce qu’ils sont une espèce à part, beaucoup trop supérieure. Ici, le journalisme n’est qu’un moyen ; aux États-Unis c’est une puissance. Chaque petit bourg y a sa presse qui communique jusqu’aux log-houses les plus reculées des squatters, l’histoire de toutes les heures, les découvertes de chaque jour. Chez nous, c’est à peine si les grandes villes elles-mêmes peuvent sustenter des journaux de premier ordre.
À propos de journaux, on se fait une idée bien exagérée des salaires que reçoivent les principaux rédacteurs de New-York ; les rédacteurs-en-chef du World, de la Tribune, du Herald et du Times reçoivent chacun $100.00 par semaine. C’est le Herald, le croirait-on ? qui paie le moins cher ses écrivains. Ses principaux rédacteurs reçoivent de $35 à $50 par semaine, ceux du Tribune de $50 à $60, tandis que deux des écrivains du