chez nous ; mais, dans tous les cas, c’est jouer gros jeu et c’est risquer son âme bien légèrement, même sur un court espace de chemin. La raison de cette différence entre les deux comtés consiste en ce que Lévis se trouve dans le diocèse de Québec où le programme a été condamné par l’archevêque, et que Champlain est dans le diocèse des Trois-Rivières, dont l’évêque a voulu l’imposer comme une condition indispensable de salut. Dans notre diocèse, nous pouvons donc espérer aller au ciel, même en chemin de fer, tandis que dans Champlain, il faut suivre l’ancien chemin en emboîtant le pas derrière M. Anselme Trudel, le représentant des voyages à pied.
L’arrivée de M. Vannier, agent d’émigration française, a fait naître parmi nous de glorieuses espérances. On s’attend à ce que dix Alsaciens viennent s’établir avant la fin de l’année sur la rive nord du Saint-Laurent, pour faire concurrence aux dix-huit Belges annoncés, mais non encore apparus. Ce flot d’immigration mettra un terme, espère-t-on, aux criailleries des membres de l’opposition et de la presse libérale. Le Courrier du Canada voit déjà venir à sa suite une quantité innombrable de nouvelles industries, animées d’une âme qui sache penser comme l’âme des Canadiens-français. Il plaide à ce sujet la cause de l’immigration cosmopolite, et dit que tout homme, même un français, a le droit de venir grossir notre population. Voilà une vérité désormais acquise ; il est vrai qu’on l’avait bien un peu mise en pratique depuis longtemps, mais jamais elle n’avait été si noblement proclamée. Quand le