est donc le desideratum de tout épouseur tant soit peu soupçonneux.
Cela m’a donné à réfléchir, à moi qui suis célibataire, Dieu merci, et quelque peu incrédule, et j’ai résolu de ne plus voyager qu’avec une balance, en cas que la faiblesse commune à tant de mes semblables s’emparât aussi de moi.
Dire qu’il y a un moyen si simple d’être à jamais fixé sur son sort, et que si peu de gens l’emploient !…
Chaque pays cependant a ses mœurs ; il y en a, comme le Canada, où les femmes sont si vertueuses, si fidèles, qu’on peut les épouser sans les peser. À propos de mœurs, il y en a parfois de singulières. Ainsi, sur la côte du Zanguebar, en Afrique, le mari est tenu, le jour de ses noces, de se mettre un emplâtre de farine sur l’œil gauche. Cela est bien inutile, puisque, lorsqu’on épouse, on est généralement aveugle. Mais pourquoi cet emplâtre sur l’œil gauche plutôt que sur l’œil droit, et pourquoi de la farine plutôt que de la sciure de bois ou du papier mâché ? Ô mystères profonds du cœur humain ! Soyez donc philosophe pour rester coi devant un emplâtre !…
Dans la Kabylie, toujours en Afrique, pays bien éloigné de nous heureusement, la jeune fille ne quitte le voile épais qui couvre son visage qu’après que les noces soient consommées. Le marié peut crier au voleur tant qu’il lui plaît, il est trop tard. Trop tard ! c’est le mot que Ledru-Rollin fit entendre d’une voix de stentor, à la tribune française, après la déchéance de Louis-Philippe, et lorsqu’il s’agissait de placer sur le trône son petit-fils, le comte de Paris. Vous saisissez l’analogie ?…