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PRÉFACE




C’est en 1871 que j’écrivis mes premières « Chroniques. » Comment cette fantaisie me prit ou comment cette inspiration me vint, je ne le sais plus. J’ai bien rarement su une heure après ce que j’écrivais une heure avant. Mes « Chroniques » sont une œuvre de jeunesse, imprévue, fortuite, faite au hasard de l’idée vagabonde, un reflet multiple d’une vie qui n’a été qu’une suite d’accidents toujours nouveaux, de situations toujours inattendues et d’impressions qui, pour être extrêmement mobiles, n’en étaient pas moins souvent profondes et persistantes, malgré leur apparente fugacité.

Une chose me frappait-elle, aussitôt je la mettais dans un alinéa, pressé de courir à une autre qui m’attendait et qui se hâtait de prendre forme, avant d’être délaissée à son tour. Ainsi les impressions m’arrivaient en foule, comme une troupe d’oiseaux qui accourent à tire d’aile, mais dont chacun d’eux laisse saisir distinctement son vol. Conceptions du moment, fugitives empreintes, ainsi mes chroniques ont passé sous les yeux du lecteur, se suivant les unes les autres, et pourtant rassemblées, comme le flot succède au flot dans une course uniforme.

Dans cet abandon rapide de mon esprit à ce qui s’en empa-