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comme tous les cours d’eau et les lacs de cette région et, finalement, présente tout l’intérêt qu’on peut attacher à une chose lorsqu’on n’est pas difficile à satisfaire.

De même que les autres rivières de la région saguenachienne, la Chicoutimi mange ses rives, aujourd’hui absolument nues et déboisées, car les feux périodiques dévorent les bois ; les terres cultivées y paraissent à intervalles inégaux, quoiqu’il y ait des habitations sur tout le parcours du chemin qui est un des plus beaux qu’on puisse voir dans n’importe quelle partie de la province. Oui, je le répète, à haute voix et suis prêt à le soutenir par un affidavit, dussé-je paraître devant une commission royale, le chemin qui va de Chicoutimi au lac Saint-Jean, sur une longueur de cinquante-six milles, est un chemin doux, agréable et léger, grâce au sol du pays, envers et malgré la mauvaiseté du gouvernement à son égard : mais aussi, c’est le seul.

Abonnés du National, je vais vous dire au juste ce qui en est de cette vallée du lac Saint-Jean dont on vous casse les oreilles depuis tant d’années.

C’est un grenier d’abondance qu’on laisse moisir.

Au point de vue agricole, c’est une des plus précieuses portions de notre cher pays qui n’en a pas de reste ; il y a là trois cent mille milles carrés de terres d’alluvion qui n’ont pas de débouchés, et dont les produits ne peuvent se vendre, parceque ces terres sont séparées de la ville par un espace de quarante lieues,