le rendent extrêmement accidenté et, par suite, pénible à parcourir en voiture.
Toute la vallée du lac Saint-Jean, vallée vaste et féconde, est ainsi formée de mamelons, de collines et de gorges creusées en tous sens, qui sont une histoire vivante et une explication manifeste de sa formation géologique. Le lac, jadis large mer intérieure s’étendant entre les Laurentides et la chaîne des Périboncas, à trente lieues plus loin, s’est retiré petit à petit en déposant, suivant le cours capricieux de son retrait, d’énormes quantités de terre d’alluvion. En même temps, comme le mouvement de ses eaux était fort irrégulier, il y eut des endroits laissés absolument à sec, tandis que, dans d’autres endroits voisins, il s’est formé de véritables petites rivières qui ont creusé leur lit à des profondeurs très variées.
Ailleurs, ce sont des lacs qui se sont trouvés paisiblement installés dans des précipices qu’ils remplissent à moitié ; çà et là, vous voyez de nombreux monticules, tous formés de terre d’alluvion, s’ébouler en partie dans les ravins et les rivières ; cette terre marche toujours, même après la retraite des eaux du lac, et le travail qui se fait en elle, visible aujourd’hui, sert merveilleusement l’intelligence de l’observateur et lui dévoile le phénomène dans toute sa clarté. Les cours d’eau, grands et petits, qui se déchargent dans le lac, entraînent avec eux beaucoup de terre ou de sable qui se détache et roule du sommet ou du flanc des monticules ; vous les voyez, épaissis et chargés, rouler péniblement leurs ondes et faire çà et là des dépôts qui servent à combler insensiblement les ravines, ou à exhausser les rivages. Des lacs apparaissent