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traité, puisqu’il y a une clause qui stipule qu’il devra être ratifié par le parlement fédéral. »

Vous voyez le truc : comme si l’Angleterre et les États-Unis allaient signer un traité pour rire, à la condition qu’il soit ratifié par le Canada !…

Il y a des ficelles politiques qui sont comme les câbles du Great Eastern ; si on ne les voit pas, c’est qu’elles bouchent les yeux.

Son speech en français débité, l’hon. Hector l’a répété en anglais, ce qui ne valait pas mieux ; puis M. Chauveau a dit quelques paroles bien senties, mais peu appréciées ; M. Simard est venu ensuite et a témoigné de l’honneur qu’il s’était fait à lui-même en cédant sa place à M. Langevin pour représenter Québec-centre. En ce moment il n’y avait plus personne auprès du husting, et les paroles sentimentales de M. Simard se perdirent dans les démolitions du bureau de poste.

À Saint-Roch, il y avait plus de monde, mais pas plus de têtes. Du reste, ça été charmant, limpide et doux. M. Rhéaume a fait quelques petites farces, on a ri et il a été élu. C’est simple comme bonjour. Et l’on dira maintenant que les gens de Québec ne savent pas faire les choses ! Au surplus, M. Rhéaume est un brave homme ; il n’est pas plus ministériel que vous et moi ; il est réduit à la besace, caractère distinctif des gens de l’opposition, et s’il s’est décidé à voter toujours pour le gouvernement provincial, c’est que, suivant son expression, il était temps pour lui de se mettre du côté où il y a des croquignols. Mais si, dans le prochain parlement, l’opposition a plus de croquignols que le ministère, que fera M. Rhéaume ?