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violence, mais il est resté inébranlable et a eu le dernier mot.

Ce que la nature oppose de difficultés dans les quatre sections qui longent la Ristigouche et la Baie des Chaleurs est vraiment étonnant. M. Berlinguet a eu à construire cent vingt ponceaux sur les différents cours d’eau qui sillonnent cette région et il a fait un ouvrage remarquable, le tunnel de Morrissy Rock. De son côté, M. Bertrand a détourné les eaux de trente à quarante rivières et il a construit des ponts monumentaux, entre autres celui de Nipesiguit et de Peters’River.

Près de Bathurst, sur la section N° quinze, entreprise par M. Bertrand, se trouvent de magnifiques carrières de granit. Au dire des vieux Écossais du pays, ce granit est même supérieur à celui d’Aberdeen, en Écosse, lequel sert aux constructions de luxe dans un grand nombre de pays. Il brille, il étincelle comme le diamant ; on reste émerveillé à la vue de cette splendide pierre qui fait l’effet d’un amas compacte de rubis ; on ne la mine pas, afin qu’elle ne soit pas fracturée en trop petits morceaux, mais on l’entrouvre avec des coins après l’avoir percée en plusieurs endroits ; c’est ainsi qu’on obtient des blocs de sept à huit pieds de longueur sur trois ou quatre de hauteur, blocs qui servent aux constructions maçonniques des sixième et quinzième sections.

Le voyageur qui, dans deux ans, passera en chemin de fer le long de la Baie des Chaleurs, admirera peut-être encore moins ce granit que la manière dont il est travaillé ; il demandera le nom de l’homme qui a présidé à cet ouvrage et il me saura gré, s’il m’a lu, de lui