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CHRONIQUES

Pardieu ! mes amis conservateurs, si vous nous trouvez ingrats pour méconnaître Sir George tout seul, qu’êtes-vous donc, vous autres, pour dédaigner de si grands noms ? À l’ingratitude ne joignez-vous pas quelque peu de bêtise, tout ce qu’il vous en reste encore, après en avoir tant consommé ? Mais, continuons à savourer l’Écho :

« Sir George, dit-il, malgré cet échec, malgré les brutalités dont on l’a assailli, alors qu’il ne pouvait lui-même descendre dans l’arène, malgré la trahison d’un certain nombre que le dépit poussa à faire cause commune avec ses ennemis, malgré les calomnies, les fausses représentations, est resté le grand homme d’état, le grand patriote, l’intrépide défenseur de nos droits religieux et politiques, l’homme enfin qui, depuis vingt ans, personnifie la véritable politique nationale, celle qui consiste à réunir en un faisceau les intérêts bas-canadiens pour résister à l’oppression étrangère. »

Je ne sais pas quels peuples étrangers peuvent vouloir nous opprimer à ce point, et j’ai beau chercher dans l’histoire, je ne vois que l’Angleterre, cette Angleterre dont sir George s’est fait le plus opiniâtre adorateur, l’Angleterre qui l’a siré,[1] compagnonné, baigné, que sais-je encore ? Ah ! une idée me vient. C’est de l’oppression haut-canadienne qu’il s’agit peut-être. Mais on nous avait tant assuré que la confédération avait surtout pour objet de détruire à tout jamais la prépondérance de la province-sœur, d’enlever à l’Ontario son droit à la représentation basée sur la population, que je ne vois pas qu’on puisse se plaindre d’être opprimé, quand sir George a vaincu toutes les oppres-

  1. Sir George avait été fait compagnon du « Bain, » une espèce d’ordre anglais.