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CHRONIQUES

mar se sont préparé les électeurs de Montréal ! Ils ne savaient pas que chacun de leurs votes allait retentir dans les siècles comme le cri du remords et comme le glas funèbre de notre nationalité. Oui, sans Sir George, tout est fini, tout a sombré, peuple, institutions, histoire, avenir, dans le naufrage où il s’est englouti. Il n’y avait qu’un homme, un seul qui pût porter le poids un peu lourd des destinées de toute une race, et cet homme est tombé comme une grosse cloche sur la tête d’un bedeau.

« Chose étrange ! (dit l’Écho de Lévis) ce coup qui devait, dans le calcul (quel français) de ses ennemis, frapper Cartier à mort et lui enlever du coup son prestige et sa force, a créé en sa faveur un élan spontané d’irrésistibles sympathies et l’a consacré, pour le reste de ses jours, l’idole du peuple. Ils (Qui, ils ?) ont voulu l’humilier, et, pour le venger, on (Ils… on !… c’est à n’y rien comprendre) l’appelle et on l’appellera avec orgueil : « Le vaincu du 28 août. »

Oui, en effet, ce sera là une grande, superbe et terrible vengeance que de se faire appeler le « vaincu du 28 août. » Quand ce vaincu aura, quel que soit le métal qui le compose, payé, comme tous les hommes, son tribut à l’implacable nature, quand on aura mis l’idole du peuple dans un cercueil de bronze, il en frémira d’aise au fond de sa tombe ; ses os tressailleront d’une joie inconnue ; et lorsque, parfois, son spectre, agité d’un souvenir horrible, se dressera pâle, effaré, grelottant dans son suaire, appelant ses voteurs, et qu’il cherchera ses fidèles disparus, une voix, partant des rives de Lévis, lui criera pour le venger : « Sois tranquille, George Étienne, tu es le « vaincu du 28 août ! » ”

Il n’y a pas de mânes qui résistent à un nom pareil,