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CHRONIQUES

du Bain et des mineurs de Cariboo, il est un point essentiel sur lequel nous différons tous deux. Je ne crois pas, comme lui, que le principal avantage de l’annexion de la Colombie soit de permettre à ses habitants l’usage des cartes-lettres, et de correspondre par tout le Dominion au moyen d’un centin. Ce sont là les petits côtés de la politique. La grande chose pour la Colombie, c’est d’envoyer à notre parlement quatre députés et deux sénateurs qui ont leurs frais de voyage payés, ce qui représente plusieurs milliers de dollars pour chacun d’eux. En outre, les Canadiens se mettent en relation directe avec les Caribooiens et les Chrioucks, et comme les petits présents entretiennent l’amitié, nous allons payer pour cela cent millions de dollars.

Est-il nécessaire que ma causerie soit régulière et s’enchaîne méthodiquement ? Dans ce cas, coupez-moi les ailes, étouffez les cris de mon âme. Pour être intéressant, il faut être décousu, excentrique, presque vertigineux ; c’est la condition de la littérature moderne dont tous les excès se sont fait sentir chez nous avant même que nous eussions une littérature.

Ce courant vous plaît-il ? Là n’est pas la question. La nécessité, c’est d’y voguer.

Avant tout, ne parlons pas de choses sérieuses, ou, du moins, n’en parlons pas sérieusement. Il est permis d’aborder tous les sujets dans une chronique, pourvu que ce soit avec des sourires ; les plus grandes choses de ce monde n’en méritent pas davantage.

Si l’on savait bien d’où viennent la plupart des idées,