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CHRONIQUES

même une convention postale entre Montréal et Québec pour que les lettres, quoiqu’en soit le prix, arrivent à destination dans un délai raisonnable. Nous n’avons jamais ici la malle de Montréal avant onze heures du matin, si ce n’est celle comparativement restreinte qui vient par les bateaux de la compagnie Richelieu. Pour le Grand-Tronc, il y a des tempêtes de neige tout l’été, et presque chaque jour nous voyons cette affiche sur le bureau de poste : « Western mail delayed four hours, two hours, three hours… » selon le cas ; le retard n’est pas uniforme, ce qui donne quelque variété à notre impatience. Ajoutez que les bateaux à vapeur partent d’ici à 4 heures, et le chemin de fer à 7 heures, et vous verrez ce que nous avons de temps pour correspondre. Encore une raison pour les Québecquois d’émigrer.

Et dire que l’usage des communications postales remonte à l’empereur Auguste, plus de dix-huit cents ans ! Ne pouvant pas déterminer les subsides à accorder au Grand-Tronc, ce souverain eut l’idée d’établir, sur les principales routes de l’empire romain, de distance en distance, des jeunes gens, habiles coureurs, ensuite des voitures, pour transmettre ses ordres dans les provinces. Des relais de chevaux furent installés en même temps, et, dans ces relais étaient aussi des véhicules dont les courriers pouvaient disposer en cas d’accident.

Que dis-je ! chez les barbares même de la Tartarie, dans l’empire du féroce Gengis-Khan, on comptait au dixième siècle plus de 100,000 relais et 200,000 chevaux employés au service des communications postales. Il y avait en outre des courriers à pied qui allaient