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CHRONIQUES

Le droit monarchique abstrait, purement idéal, tel que le définissait Bossuet, n’existe évidemment plus. Dans notre malheureux siècle tout se raisonne, et si l’hérédité subsiste encore dans bon nombre de pays, c’est par le consentement tacite des gouvernés et sous certaines conditions, accompagnées de beaucoup de restrictions. Hérédité ne veut pas dire légitimité. C’est simplement une forme et non pas un droit.

Depuis un siècle, à partir de Charles-Édouard, le dernier des Stuarts, qui voulut revendiquer le trône d’Angleterre et qui périt glorieusement à Culloden, tous les prétendants ont échoué. Ce n’est pas, certes, qu’il en manque ; mais ils ne passent pas tous la frontière, et quelques-uns même ont la sagesse de ne pas être des héros.

La dernière invention moderne, c’est l’introduction du canon dans tous les genres d’actions humaines. C’est aux États-Unis, pays pacifique par excellence, que nous devons ce progrès. Pour préluder au grand jubilé de Boston qui va avoir lieu prochainement, les Américains font des conventions politiques, et, à la fin de chaque tirade d’un orateur plus ou moins allumé, un coup de canon donne le signal des applaudissements. C’est une manière d’utiliser les vieilles pièces ; mais il paraît que ces coups de canon répétés ont produit une intense chaleur dans la salle de la convention de Philadelphie qui vient de se réunir. L’un des péroreurs, à moitié abasourdi, suant à grosses gouttes, a été obligé