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CHRONIQUES

coupées çà et là de pittoresques monticules, avaient au moins cinq pieds de boue ; cette année elles n’ont que dix-huit pouces de poussière. Pour retrouver les passerelles en pierres construites le printemps dernier ; on s’arme d’un bâton pointu, comme les voyageurs qui montent le Vésuve ; grand nombre de maisons en ruines penchent leur front sourcilleux sur les passants empressés de fuir ; les cours ont gardé les détritus et les immondices de deux ou trois décades, et la Municipalité a fulminé cinq cents décrets de nettoyage qui n’ont eu d’autre effet que de rendre les locataires encore plus sourds. Cependant, la propriété augmente assez joliment en valeur ; c’est parce que le nombre des propriétaires n’augmente pas, disent les finots ; mais moi, j’ai parfaitement constaté deux maisons en brique, bâties depuis l’année dernière à la haute-ville. Quant à la basse-ville, il est inutile d’en parler ; elle va disparaître bientôt sous les éboulis du cap.

On a dit dernièrement que les Internationaux allaient fonder une succursale dans Québec. Grand dieux ! et pourquoi faire ? c’est à peine si les nationaux eux-mêmes peuvent y vivre. Les nationaux ! ce nom, sous lequel ma plume a frémi, me plonge dans un abîme de réflexions mélancoliques ; aussi, je vais à la ligne pour faire la transition.

Hélas ! pourquoi notre beau Canada est-il encore la proie des partis ? Se peut-il que les Canadiens n’aient pas tous les mêmes idées et la même opinion depuis 1791 ? Pourquoi cette distinction de conservateurs et