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un délicieux spectacle, de même que les volées de l’artillerie sont très agréables à entendre à distance ; mais toutes ces belles choses ne sont ni nécessaires ni avantageuses. Le département de la milice pourrait mettre en usage tous les appareils militaires, toutes les armes et toute la poudre de l’Angleterre sans toutefois constituer une force suffisante. Ce n’est pas la quantité qu’il nous faut, mais la qualité. Une petite armée de miliciens bien disciplinés, bien approvisionnés, formerait le noyau d’une grande force, lorsqu’elle deviendrait nécessaire, et suffirait, pour le présent, à tous nos besoins ; elle remplacerait avec avantage cette grande armée de 40 000 hommes qui est la création de sir George Étienne, mais qui n’a ni discipline, ni équipement, ni habitude des armes. Sir George a, paraît-il, plus d’hommes qu’il n’en peut pourvoir. Si toutes les ressources du département et du pays n’ont pu fournir à 2,500 hommes réunis à Prescott les choses simplement nécessaires à la vie, dans un temps de paix profonde et après une expérience répétée du système des campements, que pouvons-nous attendre, dans les temps de péril, de 40,000 hommes qu’il faudra équiper et former ? Nous pensons que tout notre système de milice a besoin d’être refait et que les réformes doivent embrasser, entre autres, une réduction considérable des dépenses actuelles. »

Pour parler ainsi dans une ville qui a des remparts, sous la gueule entr’ouverte des canons de l’artillerie volontaire, il faut avoir un courage poussé jusqu’à l’indécence et ne tenir aucun compte du préjugé militaire, la plus glorieuse bêtise qui ait jamais possédé les hommes.