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CHRONIQUES

dont l’ancienneté se perd dans la nuit des temps. On voit que l’université Laval se fait un tort énorme.

L’Angleterre est bien déterminée à nous laisser seuls ; c’est décidément le 15 novembre que les derniers débris de la garnison s’envolent de Québec. En attendant, la Grande-Bretagne déménage petit à petit ; elle vient de faire transporter, de la citadelle au port, trois charriots de bourres à canons ; la menue ferraille, les essieux rompus, les affûts brisés viendront après. Il n’est pas question d’enlever les remparts, ils partent d’eux-mêmes : dans un mois, Québec sera dénudé et présentera le spectacle indécent d’une ville fortifiée sans fortifications.

Heureusement qu’il nous reste quarante mille hommes de milice pour défendre notre langue, nos lois et nos mœurs contre l’envahisseur. Quel envahisseur ? on n’en sait rien ; mais c’est égal, il faut qu’il y en ait un. À ce propos, le Chronicle de Québec, journal révolutionnaire, s’exprime ainsi : « Nous n’avons aucun danger de guerre à craindre ; nos amis les féniens sont devenus pauvres et faibles, et les États-Unis se sont engagés à nous épargner à l’avenir leurs visites de cérémonie. En outre, nos obligations, provenant de la confédération des provinces et comprenant plusieurs centaines de lieues de voies ferrées à construire, absorbent tout le capital dont nous pourrons disposer pour longtemps.

« Nous n’avons donc aucun besoin d’une milice dispendieuse. Sans doute de brillants uniformes et de longues lignes de baïonnettes reluisant au soleil sont