De l’Électeur du 4 février.
Il y a des gens qui peuvent croire que je fais tout simplement dans les chroniques d’aujourd’hui une guerre de mots, que je relève des anglicismes ou des barbarismes simplement pour le plaisir de la chose. Ça en vaudrait bien la peine, vraiment !
Je me fatiguerais vite à ce jeu, et je n’arriverais pas à signaler la centième partie des fautes de langage que nous commettons. Je vise à autre chose, je veux obtenir un résultat, et si je cite des exemples, c’est pour éveiller l’attention du lecteur, l’amener à s’unir à moi dans une œuvre que je considère comme éminemment patriotique et profitable à tous.
Une guerre de mots ? Mais c’est tout un état de choses qu’il faut combattre, un ensemble effrayant, dont tous les éléments se tiennent et concourent à former en quelque sorte un véritable système d’inepties, de platitudes et de sottises comme notre journalisme seul en donne le spectacle. Vous vous récriez et vous croyez que j’exagère ! Eh bien ! je vais tout de suite faire de nouvelles citations que j’emprunte à des notes prises il y a déjà plus d’un an, afin qu’on ne me soupçonne pas de vouloir être désagréable envers qui que ce soit et de prendre à partie l’un plutôt que l’autre des malheureux qui s’avisent d’écrire, quand ils feraient bien mieux de rétamer des chaudières. Commençons d’abord par des exemples d’expressions et de tournures de phrases, pour faire voir où conduit l’habitude invétérée, habitude qui tend à remplacer la nature même, d’écrire encore moins le français que de l’anglais travesti.
« Vingt-cinq cas de variole sont rapportés exister…